Historique

Implanté à 12 km au nord-est de Langres, le fort de Dampierre est l'ouvrage le plus avancé de la place. Clef du système défensif de Langres, cette position avancée assure les débouchés vers la Meuse des troupes regroupées dans le camp retranché. Croisant ses feux avec ceux des forts de Saint-Menge et de Plesnoy, il protège aussi la position nord et nord-est de Langres. Il est équipé d'un télégraphe optique qui le met en liaison avec Toul.

Construit entre 1875 et 1878, il subit quelques remaniements suite à l'apparition de l'obus-torpille (création de 12 traverses-abris en 1884, aménagement d'un magasin-caverne en 1887).

Conçu comme un ouvrage autonome dès l'origine en raison de sa position saillante, il est pourvu de moyens humains et logistiques importants. Aussi le fort de Dampierre est-il l'ouvrage le plus vaste de tout le système défensif Séré de Rivières. Il occupe une surface de 51 ha environ, avec un peu plus de 2 ha de constructions, et reprend de manière amplifiée un certain nombre de caractéristiques architecturales du fort de Saint-Menge. Il s'agit là encore d'un fort à cavalier dont l'enveloppe, de 1200 m de développement, adopte un tracé triangulaire bastionné.

 

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Photo, © Jean-François Feutriez
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Photo, © Jean-François Feutriez

Protégée par un fossé, elle regroupe dans sa partie sud quelques baraquements, dont un hangar d'artillerie de 55 m de long à la charpente métallique en carène, aujourd'hui très endommagé. Le réduit du fort s'apparente à un polygone à sept côtés, avec trois faces, deux flancs et deux demi-gorges formant un angle rentrant.

Il abrite sous son cavalier de nombreux magasins et un vaste casernement en partie à deux étages prévu pour abriter 1500 hommes ainsi qu'une infirmerie de 50 lits. Le fort possède deux fours, deux puits et quatre citernes destinés à assurer la subsistance de cette importante garnison. Il comprend encore deux magasins à poudre particulièrement vastes et trois magasins à munitions.
Le fort de Dampierre est également exceptionnel par l'importance de son armement. Les pièces d'artillerie s'y répartissaient sur trois niveaux : le cavalier, le parapet bas du réduit et l'enveloppe du fort (bastions et traverses-abris).

La défense des fossés de l'enveloppe est assurée depuis une série de bastions casemates dans sa partie sud et par deux caponnières doubles sur ses fronts de tête. La caponnière située à l'angle ouest du fort présente une grande originalité par sa configuration tripartite qui lui permet de battre de ses feux aussi bien les fossés de l'enveloppe que  ceux du réduit.

Caractéristiques

Construction : 1875 – 1878.
Nature : Fort de place.
Forme : Triangulaire.
Situation : 12 000 m au Nord-Est de Langres.
Altitude : 500 m.
Superficie : 52 hectares.
Capacité : 1500 hommes dont 43 officiers et  146 s/officiers.
Armement : 142 pièces au total dont 82 pièces de rempart, 27 pièces à tirs indirects et 26 pièces de flanquement.
Ouvrages proches : Poudrière de Fourney (à 1 800 m), de Manère (à 6 500 m), de Jorquenay (à 900 m) Ouvrage de Movange, Jorquenay, et du Bois de la Montagne.
Approvisionnement en eau :
Eaux artificielles :
2 citernes de 570 m3
1 citerne de 240 m3
1 citerne de 180 m3       
Eaux naturelles :
Puits de 35 m et de 28 m (8 à 10 m3 /24 h).
Eaux usées :
1 égout collecteur vers les fossés  (trop-plein).
2 ensembles lavabo et lavoir.
8 latrines (à 30 trous) sur fosses fixes.
Propriétaire : État - Ministère de la Défense.

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Plan

1 - Entrèe
2 - Corps de garde
3 - Bâtiment des officiers
4 - Magasins à poudre
5 - Bâtiment de la troupe
6 - Caponières double

 

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Photo, © Jean-François Feutriez

Ou fort Magalotti

Comte de MAGALOTTI
Général d’origine italienne favori et peut-être parent de MAZARIN, il commanda les troupes françaises au cours du 3ème siège de la forteresse de la Mothe ( du 6 décembre 1644 au 1er juillet 1645) où 6000 soldats furent engagés. Au cours du siège, le 20 juin 1645, il est tué sous le bastion de Vaudémont. Il sera inhumé à Chaumont. De VILLEROY le remplace et fait capituler la forteresse qui sera démantelée, malgré les engagements.

La mort de MAGALOTI : le 20 juin 1645 « le mesme jour, nouvelles sont arrivées du camp de la Mothe que, M de MAGALOTTI, commandant l’armée du Roy, devant icelle, a été blessé à mort d’un coup de fusil dans la teste, estant dans les tranchées, regardant une machine qu ‘il faisait faire pour aller à l’assault à deux breiches que les mineurs avaient faictes ; duquel coup il est décédé quatre jours après »

« Le comte de MAGALOTTI avait souvent payé de sa personne : il eut 3 chevaux tués sous lui lors de la sortie des Mothois du 29 mars, ’’voulait être présent partout’’ lors des travaux de circonvolution et fut blessé à la main le 18 juin. Le 20, alors qu’il était dans les tranchées, il reçut une balle de mousquet qui pénétra au milieu du front et sortit près de l’oreille gauche (coup tiré, selon la tradition, par le prévôt des chanoines Charles HERAUDEL). Transporté à l’arrière, il mourut le 22 – Délibération de la ville de Chaumont (26 juin 1645)

 

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Photo, © Jean-François Feutriez
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La double dénomination des forts de Langres

Dès l'élaboration de leurs projets de construction, les forts reçoivent un nom qui, pour des raisons pratiques, se rattache généralement à la toponymie du site d'implantation de l'ouvrage (lieu-dit, cours d'eau, etc.). Mais en  1886-1887, le général Boulanger, alors ministre de la Guerre, décide d'attribuer aux casernes et aux forts des noms propres rappelant des militaires ou des batailles illustres.
Aussi les forts de Langres ont-ils été baptisés, comme en témoignent les inscriptions figurant encore sur l'entablement de chacune des portes d'entrée.

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